La sélection palestinienne a vécu un moment fondateur ce samedi à Bilbao. Opposée au Pays basque lors d’un match amical d’une portée symbolique rare, elle est devenue la première équipe palestinienne à évoluer sur le sol européen en presque un siècle d’histoire.
Au-delà du résultat sportif (3-0), c’est une soirée d’émotion, de solidarité et de mémoire qui a profondément marqué joueurs, supporters et encadrement technique. À l’issue de cette rencontre, le sélectionneur Ehab Abou Jazar a livré un témoignage bouleversant sur ce jour qu’il considère comme l’un des plus importants de sa carrière et de sa vie.
Une communion exceptionnelle
Le stade San Mamés affichait près de 51 000 spectateurs venus assister à ce rendez-vous inédit. Après le coup de sifflet final, les joueurs palestiniens ont effectué un long tour d’honneur, saluant quasiment un à un tous les supporters présents. L’ambiance a été marquée par une proximité rare entre les deux équipes et le public, renforcée par une banderole « Thank you Basque country » brandie par les joueurs palestiniens.
Dans les tribunes, un immense tifo mêlant les couleurs basques et palestiniennes s’est déployé, symbolisant la forte solidarité locale. Le stade a ensuite entonné « Hegoak », chant emblématique de liberté, offrant un moment d’intensité émotionnelle exceptionnel à l’ensemble des acteurs présents sur la pelouse.
Ehab Abou Jazar submergé par l’émotion
En conférence de presse, Ehab Abou Jazar n’a pas pu cacher son émotion. Né à Gaza, installé à Ramallah, et ayant encore une partie de sa famille vivant dans un camp de réfugiés, il a décrit cette soirée comme un événement qui restera gravé « pour l’éternité ». Il s’est dit honoré d’être devenu le premier sélectionneur à diriger une équipe palestinienne en Europe.
Il a particulièrement insisté sur l’accueil chaleureux du public basque et sur la puissance symbolique de la minute de silence rendue en hommage aux victimes palestiniennes. Abou Jazar a confié avoir pleuré pour la première fois pendant un hymne national : une réaction qui, selon lui, traduit la portée humaine et émotionnelle du moment vécu à San Mamés.
Un nouvel hommage attendu à Barcelone
Bien que la sélection basque se soit imposée 3-0, l’essentiel n’était pas là. Comme l’a souligné le sélectionneur basque Jagoba Arrasate, la rencontre a montré que le football « peut envoyer des messages puissants » et devenir un vecteur de solidarité. Selon lui, l’émotion vécue samedi illustre la capacité du Pays basque, malgré sa taille modeste, à manifester un profond engagement humain.
La tournée symbolique de la Palestine se poursuit : mardi, la sélection affrontera la Catalogne à Barcelone, où un nouvel hommage lui sera rendu. Là encore, l’objectif dépasse largement le cadre sportif : il s’agit d’un geste de reconnaissance, de visibilité et de soutien à une équipe qui incarne un peuple en quête de paix, de dignité et de représentation internationale.
