La toute première édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) s’est tenue en 1957, à Khartoum au Soudan. Ce tournoi historique a vu l’Égypte inscrire son nom en lettres d’or en devenant la première nation à remporter ce trophée continental. Mais derrière cette victoire se cache un contexte politique, historique et sportif fascinant que peu de gens connaissent. Retour sur un moment fondateur du football africain.
Une compétition inaugurale marquée par le contexte colonial et l’apartheid
La CAN 1957 ne comptait que trois nations participantes : l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie. L’Afrique du Sud, initialement qualifiée, fut exclue du tournoi à cause de son régime d’apartheid qui interdisait les équipes multiraciales. Ce contexte tendu donne une dimension symbolique à la compétition : il ne s’agissait pas uniquement d’un événement sportif, mais aussi d’une affirmation de l’indépendance culturelle et politique du continent africain. L’Égypte, en tant que nation leader dans la structuration du football africain – avec une fédération fondée dès 1921 et une participation à la Coupe du Monde 1934 – s’est naturellement imposée comme favorite du tournoi.
Une finale à sens unique et un héros national : Mohamed Diab Al-Attar (Ad-Diba)
Le 10 février 1957, la toute première finale de la CAN oppose l’Égypte à l’Éthiopie, qui accède directement à ce stade après le retrait de l’Afrique du Sud. Le match se joue à Khartoum, et les Pharaons s’imposent largement sur le score sans appel de 4-0. Le héros du jour se nomme Mohamed Diab Al-Attar, surnommé Ad-Diba, auteur des quatre buts égyptiens. Il marque dès la 2e minute, double la mise à la 7e, puis ajoute deux nouveaux buts à la 68e et à la 89e minute. Ce quadruplé reste dans les mémoires comme l’une des performances individuelles les plus marquantes de l’histoire du tournoi.