Le King Power Stadium l’a appris au lever du jour : Jamie Vardy, symbole d’une ascension que l’on croyait réservée aux contes, quittera Leicester City à la fin de la saison. La vidéo « Goodbye to the GOAT » publiée par le club a suffi à déclencher une avalanche d’hommages pour l’attaquant qui, treize ans durant, a incarné la rage de vaincre des Foxes.
Le pari d’un million
Lorsque Leicester débourse un million de livres pour arracher Vardy à Fleetwood Town, en 2012, la somme paraît folle : aucun joueur issu des divisions non‑professionnelles n’avait coûté aussi cher. Mais l’Anglais de Sheffield rembourse l’investissement au centuple. En 2016, il inscrit 24 buts, marque onze matchs de Premier League d’affilée — un record — et porte Leicester vers un titre invraisemblable que Claudio Ranieri qualifiera de « miracle sportif ».
Une trace indélébile
Vardy aura finalement disputé 496 rencontres et inscrit 198 buts toutes compétitions confondues, dont 143 en Premier League. Il est de toutes les chevauchées : quart‑de‑finaliste de Ligue des champions en 2017, vainqueur de la FA Cup en 2021, artisan de deux montées en Premier League (2014, 2023). À 38 ans, il avoue « des émotions difficiles à digérer » mais revendique « la conscience tranquille » : « J’ai tout donné. »
L’héritage Vardy
Au‑delà des chiffres, le natif de Hillsborough laisse un héritage culturel. Sa V9 Academy, fondée en 2016, a ouvert une passerelle entre football amateur et élite professionnelle. Sur le terrain, ses appels millimétrés, sa vitesse et son pressing ont redéfini le rôle de l’attaquant dans le football moderne. Hors du terrain, son refus d’Arsenal à l’été 2016, puis de Newcastle lors de la relégation de 2023, a nourri un récit de fidélité rare au plus haut niveau.
Un adieu sous les projecteurs
Leicester, 19e de Premier League et déjà condamné au Championship, honorera son héros le 18 mai prochain face à West Bromwich Albion. « Ce sera sa dernière danse dans cette enceinte, confie l’entraîneur Enzo Maresca. Nous voulons que chaque siège soit occupé. » Le club prévoit une haie d’honneur post‑match et la mise en berne symbolique du numéro 9, qui ne sera plus attribué avant décision du conseil des supporters.
Et maintenant ?
Jamie Vardy n’envisage pas la retraite. L’Inter Miami, les Columbus Crew et Sheffield Wednesday — son club d’enfance — ont manifesté leur intérêt. « Je me sens encore capable de courir vite et de marquer, » assure‑t‑il, sourire carnassier intact. À ceux qui s’inquiètent de le voir ternir son image, il répond : « Je suis parti de rien. Tout ce qui vient après est du bonus. »
Un chapitre refermé, une légende gravée
Quand les projecteurs s’éteindront, il restera l’histoire : celle d’un attaquant repéré sur les pelouses boueuses du Nord, devenu champion d’Angleterre contre tous les pronostics. Treize ans plus tard, Leicester se réveille orphelin de son « Robin des buts ». Les contes de fées ont une fin, mais leur morale, elle, ne disparaît jamais : rêver grand n’est jamais une faute.